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"Fragiles sommets" Avant que le monde nous échappe

Octobre 2022

Une exposition de Béatrice BISSARA

Commissariat d'exposition : Marie Deparis-Yafil

En octobre 2022, le Château des Tourelles, au Plessis-Trévise, accueillera le premier solo show d'envergure de l'artiste plasticienne française Béatrice Bissara. Fragiles sommets – Avant que le monde nous échappe entend offrir au visiteur une expérience sensitive et immersive intense, au coeur de l'univers de l'artiste et, dans le même temps, au cœur de notre propre perception de soi et du monde. Investissant l'ensemble des espaces d'exposition du Château néo-médiéval du Plessis-Trévise, bâti sur les bénéfices d'une révolution industrielle dont nous devons impérativement aujourd'hui réévaluer les conséquences, Fragiles sommets propose ainsi une  expérience à la fois physique et psychique, bouleversante pour nos sens, tout en évoquant la nature dans ce qu'elle a de plus fondamental et de plus essentiel.

 

Installations, peintures, volumes, dessins...: des « livres-murmures » envahis par la nature aux installations oscillatoires -œuvres composées de superpositions de disques en mouvement dont les girations sont programmées selon un process spécifique-, des peintures, témoignages sensibles de l'immersion solitaire de l'artiste au coeur de la plus profonde nature, aux « Dreamboxes» -dispositifs lumineux pulsatiles, suggérant les battements d'un cœur, une respiration, un afflux de sang, invitant à une sorte de voyage intérieur organique et apaisant-  en passant par la transe des derviches tourneurs, tous les médiums et tous nos  sens, happés par la synesthésie,  sont appelés dans cette exposition à la dimension plus autobiographique qu'il n'y paraît. Depuis les plaines de l'Anatolie jusqu'aux profondeurs de la forêt de Brocéliande, des voyages astraux aux voyages les plus intérieurs, ici, l'artiste livre le résultat d'expériences personnelles, et invite le visiter à tenter de revivre, de (re) découvrir expérimentalement avec elle des états de conscience oubliés , à redessiner la carte de territoires psychiques et naturels, comme pour créer des points de rencontre, de re-connexion entre la conscience humaine et la nature. L'exposition se veut comme une expérience de totalité, aussi, une sorte de métaphore esquissée de cette « roue de la vie » dont seul Bouddha peut embrasser l'absoluité.

 

Nul aujourd'hui ne saurait fuir cette réalité : nous le savons, notre monde – de son écosystème à la civilisation-  est en train de nous échapper, et c'est sur ce constat, cette inquiétude, cette réflexion, que l'oeuvre de Béatrice Bissara se forge, invoquant à la fois la nécessité de changer de paradigme, intellectuel et sociétal, et la possibilité, expérimentale, de s'éveiller à d'autres formes de conscience, et, peut-être, de manière d'appréhender la réalité, de repenser, si c'est encore possible, les liens entre nature et culture.

Nous avons atteint- ou avons cru atteindre- des sommets, mais ils étaient fragiles. Le sable, que l'on retrouve çà et là dans l'exposition, insidieux et fragile, essentiel indice, appelle à ré évaluer toute une « écologie de la conscience », comme le dit l'artiste, c'est-à-dire toute une manière de penser notre rapport à notre environnement, immédiat ou plus lointain, un questionnement sur la manière dont la conscience peut informer ses relations avec elle-même et avec le monde qui l'environne, une interrogation sur la façon dont par la conscience nous pouvons appréhender le monde et le réel, au-delà de sa définition cartésienne avec laquelle nous vivons depuis l'ère moderne, dans un contexte désormais marqué par la question de la survie.

 

Avant que le monde nous échappe, l'exposition de Béatrice Bissara entend parier sur la possibilité salvatrice de l'art comme ultime moyen d'un voyage bouleversant durablement nos certitudes, d'une bascule décisive de notre rapport à un réel futur.

 

Marie Deparis-Yafil

Commissaire de l'exposition

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